Corps, nature et capital: Usages et implications du concept de métabolisme de Marx

Résumé

Le concept physiologique de métabolisme, utilisé notamment par les sciences humaines, aura un rôle central dans la critique de l'économie politique de Marx en approfondissant sa compréhension des déterminations immanentes au capital, tel qu'il digère, mû par une "compulsion" excessive, la matière vivante (la terre et la force corporelle humaine) pour la transformer en valeur et en plus-value et les dommages catastrophiques qui sont excrétés dans ce processus. Dans cette perspective, nous entendons analyser dans les Grundrisse de 1857-1858 au moins cinq mouvements distincts exprimés par le concept de métabolisme : A) Les processus de la nature dans l'autonomie de leurs cycles ; B) Le processus vital d'interaction entre le corps humain et la terre ; C) Le fonctionnement de la forme sociale historiquement issue du capital à partir et sur l'interaction corps-terre ; D) Les processus de transformation qui se produisent dans la substance de la valeur à travers les échanges entre la Marchandise et la Monnaie ; E) La consommation nécessaire à la reproduction des différentes parties qui composent l'organisme du capital dans le processus de production. Une sixième utilisation du terme apparaît dans le livre I du Capital dans le diagnostic marxien de l'échec métabolique en identifiant comment le métabolisme du capital fonctionne et ne peut fonctionner qu'en provoquant une défaillance du métabolisme de la nature humaine. Les implications théoriques et pratiques de cette analyse nous amènent à réfléchir à la nécessité de créer une nouvelle forme socio-économique de production et de reproduction qui permette un métabolisme sain avec la nature qui nous entoure et en nous, un futur corps social non pathologique.